La communication des entreprises à l’heure du COVID 19
L’annonce par Emmanuel Macron de mesures de confinement, en vigueur depuis le 17 mars, a profondément bouleversé le monde économique dans son ensemble. Les entreprises françaises, déstabilisées dans leur production et leur organisation, ont dû adapter leurs activités à cette contrainte inédite, sans précédent même, et pour la plupart d’entre elles imprévue. Voire la suspendre.
Du point de vue de leur communication, leur première préoccupation a été d’informer massivement leurs salariés et clients, mais aussi leurs partenaires et leurs fournisseurs, des conséquences du confinement sur leur activité. Pour celles d’entre elles qui continuent à produire, il a fallu expliquer notamment à leurs employés les mesures d’hygiène et de sécurité prises pour éviter la contamination ainsi que les nouvelles modalités de fonctionnement.
Puis, dans un second temps, de nombreuses entreprises ont tenu à affirmer et faire connaître leur engagement en faveur de l’effort de solidarité nationale. Elles ont communiqué sur la façon dont elles entendaient, elles aussi, participer à l’effort collectif d’un pays « en guerre » contre le coronavirus, notamment pour faire face à la pénurie de gels hydroalcooliques et de masques. De grands groupes, tels que Pernod-Ricard ou Tereos, ont annoncé contribuer à la production de gels, et LVMH a organisé la livraison en France de 10 millions de masques FFP2.
De plus petites structures ont également fait preuve de solidarité à l’échelle locale ; ainsi, la société « Caviar de Neuvic » a offert des milliers de masques à la commune de Neuvic ; de, même, de nombreux restaurateurs se sont organisés pour faire livrer partout en France des repas aux personnels soignants.
Au-delà des dons de gels et de masques, fondamentaux pour lutter contre la propagation du virus, les entreprises ont aussi participé à diffuser largement les consignes de santé, à l’instar de JCDecaux, qui affiche depuis plusieurs jours sur ses mobiliers urbains une campagne de soutien aux personnels soignants et un rappel des informations sanitaires, notamment des « gestes barrière »
Enfin, elles cherchent à faciliter le confinement des Français : MAIF a ainsi renforcé son dispositif de soutien scolaire, tout comme ARTE qui a mis à disposition de tous sa plate-forme éducative, Canal +, de son côté, propose l’ensemble de ses programmes en clair jusqu’au 31 mars. Dans un autre registre, et pour sourire en ces temps difficiles, notons que la plate-forme pornographique Pornhub a rendu son offre premium gratuite pour le mois de mars.
Bien sûr, toutes ces initiatives sont l’occasion pour les entreprises de traduire en actes leurs valeurs et d’affirmer leur responsabilité sociétale. Mais elles sont aussi le symbole d’un État qui « ne peut pas tout », selon le mot célèbre de Lionel Jospin. A l’image de ce qui avait été observé lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris, les entreprises ont pris conscience qu’elles avaient un rôle à jouer et qu’elles pouvaient prendre le relais de la puissance publique, en complément de toutes les décisions économiques et sanitaires prises par celle-ci dans le but de limiter les contaminations et de sauvegarder le tissu entrepreneurial français.
Cet engagement des entreprises en temps de crise fait plus largement écho à une tendance de fond selon laquelle les consommateurs et les salariés attendent aujourd’hui davantage d’une entreprise que le simple fait de commercialiser des produits et services. On attend d’elles qu’elles agissent, aux côtés de l’État, pour contribuer à résoudre des problématiques qui vont au-delà de leur activité initiale, dans lesquelles elles ont parfois une responsabilité (changement climatique, chômage, fracture territoriale…), mais parfois pas.
C’est tout le sens de la loi Pacte qui a créé le statut de société à mission et la possibilité pour les entreprises de se doter d’une raison d’être : les entreprises peuvent désormais définir le rôle qu’elles entendent jouer dans la société et le sens de leur activité pour l’intérêt général. Pour les entreprises qui sont en capacité matérielle de le faire, la situation actuelle est l’occasion de démontrer que cette ambition d’être pleinement acteurs du bien commun n’est pas qu’une affirmation de principe – certains diraient, mais pas nous, une « affaire de com’ » – et qu’elle peut se traduire en actes concrets au bénéfice de tous.