L’image de Kylian Mbappé : anatomie d’une chute
En l’espace de quelques années, Kylian Mbappé était passé du statut de prodige du football français à celui d’icône. Révélé à dix-sept ans, il est champion du monde à moins de vingt ans, et devient la figure emblématique du plus grand club français, le PSG. Rapidement, sa popularité dépasse les frontières du sport. Il est le champion parfait, philanthrope, humble et toujours au service du collectif. Ses performances lors de la dernière Coupe du monde en décembre 2022, et notamment ses trois buts en finale, achèvent d’en faire une star mondiale.
Mais, dès 2023, la tendance s’inverse et Kylian Mbappé se heurte à un désamour progressif qui s’accélère au cours des derniers mois au point que le sélectionneur de l’équipe de France n’hésite pas à se passer de lui lors des derniers matchs de celle-ci. Qui gagne en Italie en marquant trois buts ! Comment expliquer qu’en moins de deux ans le champion, unanimement admiré, se soit transformé en une figure controversée et de plus en plus critiquée ? Retour sur les causes d’une chute brutale.
Des performances décevantes lors des rencontres à fort enjeu
Dès le début 2023, si Kylian MBappé reste très efficace lors des matchs du championnat ou de la coupe de France face à des équipes faibles, il déçoit en Ligue des champions et ne fera guère mieux la saison suivante avant de quitter l’Euro 2024 sans avoir marqué un seul but ou réussi à imprégner sa marque lors des prestations de l’équipe de France. Il est aussi invisible et personnel que maladroit. Cette inefficacité crée un terrain propice à une érosion de son image que sa communication accélère.
Une présence médiatique sur tous les terrains… y compris les terrains minés !
Lors de son éclosion, Kylian Mbappé avait frappé les esprits par la qualité de ses prestations médiatiques tant dans la forme que sur le fond. Avec le succès, elles étaient devenues plus assertives et dominatrices. Il ne les a pas adaptées à la baisse de ses performances, multipliant les déclarations volontaristes voire conquérantes avant les matchs et accentuant de ce fait l’effet négatif de ses performances décevantes.
Mais, surtout, il a quitté le domaine sportif pour s’engager sur des terrains plus difficiles. De l’affaire Nahel à son appel à ne pas voter pour les extrêmes en juillet 2024, Kylian Mbappé a, au cours des dernières années, pris publiquement et fortement position sur des sujets clivants qui l’ont nécessairement rendu moins fédérateur et plus exposé à la critique. Ses démêlés avec son club pour le renouvellement puis la nouvelle prolongation de son contrat et enfin le versement de primes mirifiques, largement étalés dans la presse, le font entrer dans les rubriques économiques ou judiciaires et l’éloignent de son image initiale. Enfin, l’escapade suédoise de septembre dernier, particulièrement mal gérée par son avocate sur le plan de la communication, le rapproche de celles des faits divers et révèle un aspect méconnu de sa vie qui pourrait expliquer au moins partiellement ses contre-performances.
Les remèdes ? Abstinence médiatique et football !
L’image de Kylian Mbappé est-elle pour autant définitivement ternie ? Non ! D’abord, parce qu’il dispose toujours d’un socle de sympathie important lié à ses performances passées -les marques iconiques ne meurent jamais- et, ensuite, parce que ce sont ses prestations sportives qui, in fine, détermineront à l’avenir son niveau de popularité auprès du public.
Alors que faire dans les prochains mois ? Prendre du recul et s’éloigner de la scène médiatique pour laisser la pression retomber, se consacrer au football et donner la priorité à l’entraînement pour retrouver la force de son jeu. Cette période de retrait lui offrira l’opportunité de laisser les polémiques se dissiper, de se concentrer sur ses performances sportives et, petit à petit, de reconquérir le cœur des Français.
Son image publique ne sera néanmoins plus jamais la même. Mais Kylian Mbappé a désormais l’opportunité de se construire une image moins lisse, plus réaliste et, en somme plus humaine donc plus durable.
Eric Giuily, Président de CLAI et Sara Ouafir, Consultante Confirmée