JO Paris 2024 : jour J-365, les Français vont-ils se mobiliser autour de leurs jeux ?
A un an, jour pour jour de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, la célébration de cette étape essentielle va-t-elle faire taire le bad buzz entretenu depuis de longs mois autour de cet événement mythique et magique ? L’annonce de l’attribution à Paris des Jeux 2024 avait semblé apaiser les querelles suscitées par la quatrième candidature en trente ans de la ville lumière, voire étouffer les polémiques au profit d’un sentiment de fierté et d’une excitation positive. La perspective d’accueillir le plus grand événement médiatique mondial et d’y participer activement, cent ans après les jeux de 1924, faisait passer les critiques et prévisions pessimistes au second plan. A preuve, le stoïcisme avec lequel les habitants de la région Ile-de-France subissent les conséquences, notamment sur la circulation, des différents chantiers qu’il rend indispensables.
Depuis plus d’un an, les questions, les remises en cause et critiques n’ont cependant cessé de se développer autour de quatre thèmes majeurs : la sécurité, les transports et, plus récemment, le prix des billets et la gouvernance.
Les récentes émeutes suscitées par la mort du jeune Naël n’ont certainement pas atténué les doutes sur notre capacité à assurer le bon déroulement des épreuves, en toute sécurité, créé dans le monde entier par le fiasco de la finale de la Champions League en mai 2022 au Stade de France. Plus que des affrontements entre supporters, improbables pour des Jeux olympiques, contrairement aux matchs de football, c’est la régulation des flux de spectateurs et la délinquance à l’encontre de ceux-ci qui font naître le plus de craintes, sans parler bien sûr des risques d’attentat. Un événement polarise plus particulièrement ces interrogations : la cérémonie d’ouverture. Exception française oblige, elle n’aura pas lieu dans un stade fermé, comme cela a toujours été le cas depuis 1896, mais sur la Seine dans le cadre d’un défilé nautique. Une idée formidable, une mise en valeur de la ville, de sa beauté et de son rayonnement exceptionnel qui suffiront à faire de Paris 2024 des Jeux hors norme. Si tout se passe bien. Mais une prise de risques incontestable qui doit faire frémir les responsables de la sécurité et de l’ordre public. Et différents rapports sur les risques d’insuffisance des effectifs de sécurité au sens le plus large du terme ne contribuent pas à rassurer sur notre capacité à faire face à ce premier défi.
Le deuxième sujet de polémiques concerne les transports. Déjà largement saturés, partiellement dégradés par des problèmes récurrents de vacances d’emplois, d’absentéisme et de recrutement, les transports publics d’Ile-de-France pourront-ils faire face à l’afflux des spectateurs et à leurs déplacements entre les différentes épreuves ? Tout en assurant les trajets quotidiens de ceux des habitants d’Ile-de-France qui ne seront pas partis au loin, en vacances, le temps des Jeux. Les usagers réguliers des transports parisiens sont en droit d’avoir quelques doutes. On imagine sans peine, ce que pourraient donner médiatiquement les plaintes de spectateurs empêchés par des problèmes de transport d’assister aux événements pour lesquels ils auront acheté leurs places dix-huit mois à l’avance et traversé une partie de la Terre !
La commercialisation des billets a ouvert un nouveau foyer de contestation cet hiver en raison dans les premières phases de la procédure de vente de lots groupés mêlant des sports et des localisations sans rapport entre eux et surtout du prix des billets. Bien sûr, chacun comprend que les Jeux doivent être financièrement équilibrés mais le prix de certaines places, notamment pour la cérémonie d’ouverture, ont étonné, voire scandalisé. Et ont donné l’impression que Paris 2024 ne serait pas la fête populaire promise. Le Comité d’organisation (Cojo) s’est défendu en mettant en avant le nombre de places à petit prix, 24€ pour les moins chères, la possibilité d’assister gratuitement à la cérémonie d’ouverture du fait de son déroulement dans la ville et non dans une enceinte fermée, la contrainte financière globale. Et au total, la quasi-totalité des billets a été vendue début juillet, ce qui devrait mettre un terme à la polémique, même si restera sans doute une petite musique bien française sur les Jeux pour les riches…et les étrangers. Une petite musique que la polémique sur le coût pour les collectivités locales de l’accueil du parcours de la flamme olympique aura contribué à entretenir.
Enfin, la gouvernance des Jeux a été mise en cause à plusieurs reprises pour des raisons très diverses. La démission de la présidente du Comité olympique français a conduit le CIO à publier un communiqué pour rappeler aux différentes instances françaises leurs responsabilités et les inciter à se consacrer à celles-ci. La production d’une partie des mascottes des Jeux en Chine a fait mauvais effet à l’heure de la relocalisation et de l’indépendance économique et surtout compte-tenu des engagements pris par la candidature française sur la réduction des conséquences environnementales des Jeux. Et plus récemment, l’annonce de perquisitions dans les bureaux du Comité d’organisation à propos des conditions de passation de certains marchés a créé un nouveau risque de réputation.
Dans ce contexte difficile, et alors que le compte-à-rebours de la dernière année commence, le récent rapport de la Cour des Comptes affirmant que les équipements seront prêts à temps et félicitant Solideo, la société en charge de leur réalisation, pour son action est particulièrement bienvenue et apparaît comme une première réponse à tous les catastrophismes. En en attendant d’autres, on l’espère, au fil des mois à venir.
En mars dernier, 69% des Français disaient soutenir les JO [1], un soutien en recul de 5 points par rapport au même baromètre réalisé 18 mois auparavant. Les JO de Paris ne sont pas les premiers à faire l’objet de contestations pendant la phase de préparation. L’expérience constante montre que ces critiques s’effacent quand retentit le coup de sifflet de la première compétition. La passion des Jeux prend les dessus. Gageons que les 69% de soutien se transformeront alors en près de 100% …Encore faut-il que cérémonie d’ouverture et épreuves se déroulent sans anicroche.