Le nouveau logo Paris 2024 ou l’impossible consensus graphique
Enseigne de coiffure, symbole du Rassemblement National ou encore application de rencontres, les détournements se sont multipliés sur les réseaux sociaux dès la présentation du logo des JO de Paris 2024. Et avec eux les critiques. Retour sur une controverse totalement injustifiée à notre avis mais en fait relativement commune pour un logo, olympique qui plus est.
Le dernier exemple en date a touché le comité d’organisation des Jeux olympiques 2020 de Tokyo qui a été contraint de retirer son logo initial quelques semaines après sa présentation en raison d’accusations de plagiat envers celui du théâtre de Liège.
Le symbole des Jeux Olympiques 2016 de Rio avait précédemment essuyé des suspicions de plagiat du logo de la fondation américaine Telluride qui, ironie du sort, aurait été lui-même copié sur celui du Carnaval 2004 de la ville de Salvador au Brésil.
Dans un tout autre registre, politique cette fois-ci, l’Iran a protesté en 2011 contre le choix du comité d’organisation des Jeux de Londres, qualifiant le logo de raciste comme faisant implicitement référence au mot « Sion ».
Malgré les critiques et comparaisons diffusées au cours des derniers jours, l’emblème des Jeux Olympiques 2024 semble être apprécié par les Français. En effet, selon un sondage d’Opinion Way, plus de 80% des personnes interrogées affirment aimer le design du logo. L’agora digitale n’est donc pas toujours révélatrice de l’opinion de la majorité de nos concitoyens, loin s’en faut.
Au-delà des aprioris esthétiques de chacun, l’emblème de Paris 2024 réussit le pari d’associer les symboles majeurs de l’olympisme et de la France : d’une part, la flamme et la médaille d’or qui véhiculent l’identité du premier (même si pour Pierre de Coubertin l’essentiel était de participer et non de gagner) et, d’autre part, le visage de Marianne qui illustre celle de la seconde.
Le comité d’organisation a fait le choix de ce point de vue d’une rupture avec le logo dédié à la candidature, lequel jouait sur les quatre chiffres de 2024 pour faire apparaître la Tour Eiffel, en couleurs vives de surcroît. La nouvelle identité traduit au contraire une démarche inclusive avec une référence à la République et non plus à Paris et avec des formes épurées, arrondies, et le visage d’une femme. Surtout, c’est à souligner et à applaudir, c’est la première fois que les jeux olympiques et paralympiques se partagent le même logo. Celui-ci représente donc un idéal olympien incluant toutes les communautés.
Ce nouveau logo est donc le fidèle reflet de la promesse affichée par le Comité d’organisation : un événement innovant, durable et solidaire.
Dans notre ère de défiance généralisée, cette ambition devra se traduire dans les faits tant à l’occasion de la préparation des Jeux que lors de leur déroulement puis pour la gestion de leur héritage. Dans le cas contraire, ce premier temps de critiques parodiques n’aura représenté que les prémices de critiques qui se multiplieront et prendront de l’ampleur, plus seulement sur la forme mais bien sur le fond.